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Un aperçu du débat sur les politiques agricoles

Le débat sur les politiques agricoles appropriées a toujours été un sujet passionnant et captivant pour les praticiens du développement, les décideurs politiques et les chercheurs du monde entier. Par exemple, Ojede et al. (2013) ont soutenu que les instruments de politique publique visant à promouvoir le développement de l’agriculture dans les pays à faible revenu constituent une préoccupation constante des décideurs politiques et des organisations de développement.

De nombreux instruments sont utilisés à travers le monde pour promouvoir le développement agricole et économique avec des impacts mitigés et différents. L’importance accordée à ces politiques dépend du pays et des orientations politiques des pouvoirs publics. Dans de nombreux pays, la politique agricole occupe une place importante dans le développement économique (Zheng et al., 2013).

Divers instruments sont utilisés pour déclencher ou maintenir le développement de l’agriculture, tant dans les pays pauvres que riches. Ces instruments comprennent les incitations par les prix, le soutien aux revenus des producteurs, les subventions aux intrants, les quotas de production dans les pays développés comme les USA, la fiscalité, la libéralisation des marchés, les facilités de crédit, les services financiers, en particulier dans les pays en développement, etc.

De nombreux travaux ont été menés sur les instruments de politique agricole, leur motivation politique et leur impact sur le développement agricole et la réduction de la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu. Les premières références de recherche dans le domaine de la politique agricole incluent la relation entre les politiques macroéconomiques et l’agriculture dans les pays moins développés (Krueger et al., 1988 ; Schiff et Valdés, 1992, cités par FAO 2019).

Diverses études ont évalué les effets des politiques agricoles sur les différents secteurs ou acteurs de l’économie. Par exemple, Reardon et al. (1999) ont soutenu qu’en Afrique, l’effet net sur les prix des produits de politiques telles que les taxes, les subventions et le contrôle des prix est déterminé.

Une étude de l’IFPRI (2004) n’a pas réussi à prouver que les subventions aux engrais et au crédit entraînaient une baisse de la croissance agricole aux premiers stades du développement agricole en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. Le constat a été que les subventions aux engrais ont un impact initialement élevé, qui diminue avec le temps. La même étude a montré que la R&D agricole a un effet significatif, tandis que l’impact des subventions au crédit varie dans le temps et que les subventions à l’électricité et le financement de l’irrigation ont un effet respectivement faible et moyen sur la croissance agricole et la pauvreté. D’autres auteurs, comme Mariyono (2009), ont étudié le rôle des changements technologiques et institutionnels dans le développement de la chaîne de valeur du riz en Indonésie. Il a indiqué que les programmes publics lancés pour soutenir le secteur rizicole ont eu des effets substantiels sur la réussite de l’autosuffisance en riz en Indonésie.

Cependant, les chercheurs dans ce domaine ont identifié des limites de certains instruments et de leur utilisation par les gouvernements, notamment en Afrique. La Banque mondiale (1986), par exemple, a constaté que dans les pays en développement, les agriculteurs utilisent leurs produits pour la vente et pour leur propre consommation, ce qui peut biaiser l’évaluation des politiques à l’aide de certains modèles.

D’autres problèmes dans certaines zones rurales concernent l’évolution du comportement des producteurs en réponse à l’utilisation de différents instruments politiques. De Brauw et al. (2000) ont remarqué que la libéralisation du marché en Chine a entraîné des changements de comportement chez les producteurs.

Aux États-Unis, Giannakas et Fulton (2000) se sont intéressés à la fausse représentation et à la fraude dans l’analyse des politiques agricoles. Ils ont démontré que la fraude diminue l’efficacité de la politique des quotas de production et augmente l’efficacité de transfert des subventions à la production.

Les motivations politiques qui sous-tendent les subventions aux semences et aux engrais et le soutien aux revenus des producteurs dans certains pays en développement sont également mises en évidence par des chercheurs (Mockshell, 2016). Certains gouvernements maintiennent ces politiques pour préserver ou attirer un certain électorat, et non pour leur impact économique sur le développement agricole.

Outre ces questions, l’effet de distorsion du marché des subventions reste une préoccupation majeure pour les économistes agricoles et fait l’objet de nombreuses recherches dans ce domaine (Zheng et al., 2013).

Au Sénégal, le mécanisme de subvention des intrants et de distribution des semences et des engrais était considéré comme opaque. Un vif débat existe quant à leurs bénéfices réels pour les producteurs et à la pertinence de maintenir les subventions comme instrument public de développement agricole du pays, certains acteurs considérant ce système comme plus avantageux pour les opérateurs privés (IPAR, 2015).

Au-delà, la préoccupation commune des spécialistes et des économistes agricoles du monde entier a toujours été le rôle de l’agriculture dans la croissance économique et le processus de développement des nations.

 

Mamadou SONKO

Sustainability lexicon - 86

Vue sur la production maraîchère au Sénégal

L’horticulture est l’un des sous-secteurs les plus dynamiques de l’agriculture sénégalaise ces dernières décennies.  Le sous-secteur est en constante évolution avec une production totale de 1 604 792 tonnes pour la campagne 2023/2024 (Direction de l’horticulture). Le maraîchage constitue l’activité la plus importante du sous-secteur en termes de production et de diversité. En 2023/2024 la production maraîchère a atteint 1 312 993 tonnes selon la Direction de l’horticulture, soit un peu plus de 80% de la production horticole totale.  

Quant aux principaux produits, le graphique ci-dessous montre que l’oignon occupe de très loin la première place en termes de production suivi du chou pommé, de la pomme de terre, de la tomate industrielle et de la tomate cerise respectivement.

Cela peut s’expliquer par l’importance de la demande en oignon au niveau du marché local, son rendement élevé mais aussi les mesures publiques d’appui à la commercialisation (gel des importations).

 

Source : Direction de l’horticulture

La production d’information et d’évidences pour faciliter la prise de décision en matière de développement de business et la définition de politiques publiques au niveau du sous-secteur semble fondamentale pour maintenir la dynamique et le rendre plus performant sur le plan économique.